25 juin
Le changement c’est maintenant. Et oui après les piafs, les fourmis, les nounours, les papillons, il fallait bien que je passe à autre chose. C’est mon côté couteau suisse. Mais le mieux c’est que je vous l’annonce en images:
Nan je déconne. Je vous ai déjà dit que les croquettes pour végétariens ne sont pas prêtes de m’intéresser. Mais bon comme je n’ai pas grand chose de nouveau à vous raconter je vais encore vous parler lépidoptère. Du coup je voulais vous faire comprendre que ça pourrait être pire avant que vous ne commenciez à vous plaindre.
Le « comment? » vous le connaissez, maintenant je voudrais vous parler du « pourquoi? ». Comme vous le savez notre objectif ici n’est pas de s’intéresser directement aux espèces que l’on compte. On se sert des espèces pour évaluer l’impact de l’Homme sur son environnement. Hors tout récemment j’ai attrapé un indicateur en or.
Les papillons du genre Phengaris ont un mode de vie tellement particulier que le plus faible changement dans leur habitat peut amener l’espèce à disparaître.
Tout le monde sait comment marche un papillon. On a un œuf sur une plante. De cet œuf va sortir une petite chenille qui va devenir de plus en plus grosse et vorace jusqu’à s’enfermer dans une chrysalide. Après un temps plus ou moins long, un papillon qui ne pense qu’à une chose sortira du sarcophage pour aller semer des œufs un peu partout. Plutôt basique, mais les Phengaris ont un peu complexifié la chose. Non content de ne se nourrir généralement que d’une seule espèce de plante, les chenilles de ce genre dépendent de la présence de fourmis spécifiques pour pouvoir devenir adultes.
Je m’explique. Lorsque la chenille Phengaris s’est assez gavée de sa plante hôte, elle se laisse tomber sur le sol. Là elle va émettre des phéromones similaires à celles d’une ou deux espèces de fourmis. Ces espèces varient selon les papillons. Les phéromones vont inciter à emmener la chenille jusqu’à une chambre pleine de larves. Une fois bien installée dans sa nouvelle demeure, la chenille sera nourrie et soignée par ses parents adoptifs et croquera quelques larves par-ci par-là. Une petite vie de parasite en attendant de se transformer en adulte.
Pour que ces papillons prospèrent il faut donc non seulement qu’ils puissent trouver leur plante hôte, mais également qu’une colonie de leur fourmi fétiche vive dans les parages. Une configuration qui se trouve de moins en moins dans les cultures intensives d’Europe et qui a amené l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature à inscrire une bonne partie des Phengaris sur sa liste des espèces menacées.
Voilà pour la petite session pseudo-scientifique. Pour vous faire digérer un peu tout ça j’ai décidé de prendre trois minutes pour vous parler un peu plus de là où je vis depuis bientôt trois mois.
Depuis que je suis arrivé j’habite avec Ine et Cathy dans une petite maison située en haut d’une colline à la périphérie de Sighisoara. On a chacun notre chambre mais on les partage régulièrement au grès des allez venues. Il fait bon y vivre et on peut très bien passer une journée de congés entre la terrasse et le jardin. L’université de Lüneburg loue aussi un petit appartement de deux chambres au pied de notre colline. C’est là qu’on peut généralement trouver Marlene, Jacqueline et d’autres collègues de passage. Si on pousse cinq minutes plus loin on arrive au centre ville. Et oui, c’est un bled. Mais au centre ville on trouve Jo Pub. Une pizzeria sympa où nous nous retrouvons au moindre prétexte. Arrivée de quelqu’un, départ de quelqu’un ou tout simplement lorsque Cathy a la flemme de nous faire à manger.